Si tu crois un jour que tu l’aimes…
Un jour, tu as des doutes… tu te dis que,
potentiellement, il y a peut-être une petite Brioche au four !
Bon, il arrive que ce doute soit vite mis
de côté : un retard de 2h40 n’est en fait pas un retard, l’envie que la
petite Brioche pousse est tellement forte que ça bloque tout le four et parfois
le four est capricieux…
Mais un jour, les boobs chauds et tendus,
l’humeur d’un caniche arrivant chez le véto et aussi ce « truc » que
tu ne saurais pas trop définir, chelou… oui un truc chelou inconnu… Ce jour, tu
te dis qu’il faut connaître la vérité.
Tu prends ton courage à deux mains et
rendez-vous dans les commodités : le pipi-test vs ton pipi (et un peu tes
doigts au passage, sois honnête ! même quand tu décides d’utiliser un
récipient !).
5 minutes plus tard… Verdict : 2
barres ®
« Brioche au four ».
Et là, selon (plusieurs choix
possibles) : cris / joie / pleurs / peur / excitation / hystérie / état de
choc / mutisme. Un grand huit émotionnel, genre première descente du Silver
Star !!!
Il y a un truc dedans toi qui va changer
pour toujours. Plus rien ne sera jamais comme avant. Alors que techniquement,
tu n’as fait que pipi ! Il y a réellement un avant et un après ce pipi.
En ce qui me concerne, le premier sentiment
était… « J’ai peur ! »
De la même manière que je n’étais pas folle
d’amour de l’Homme au premier regard, je ne pouvais pas dire que j’étais folle
d’amour pour cette petite vie toute neuve à ce moment précis, on ne se
connaissait pas.
Cependant, elle avait été propulsée, le
temps d’un pipi, à la première place dans mes pensées : le matin (presque) au
réveil, en fermant le bouton de ton jean, en passant devant une glace… bref à
plein de petits moments de la journée.
Mais je vais l’aimer quand ? Je vais
la connaître quand ?
Il va falloir s’armer de patience pour
rendre tout ça réel et faire évoluer la relation affective.
La plongée
dans l’inconnu
La première écho, l’écho de datation, est
loooooonnnnngueeee à arriver ! Quand j’ai appelé pour prendre rendez-vous
pour la grande Brioche, je m’attendais à ce que la secrétaire sonne le clairon
et se précipite pour me donner une date au plus vite, partageant au passage son
excitation avec moi. Evidemment que non… Quasiment un mois plus tard !
Mais j’allais faire quoi moi d’ici là ??? Flipper (déjà fait) ?
Choisir le prénom ? Décorer la chambre ? Commencer la préparation à
l’accouchement ??? Non, non, non, tu vas juste attendre.
Bien sûr pendant cette attente, t’as eu le
temps d’aller sur doctissimo et d’avoir un florilège d’anecdotes croustillantes
que certains aiment raconter à toute femme enceinte.
Donc, tu attends, tu flippes, tu dors
(premier trimestre d’hibernation) et tu gères ton estomac comme tu peux. Je
n’aime pas le premier trimestre de la grossesse : morose, molle,
moche ! Voilà ce que j’en pense de ce premier trimestre.
Et enfin tu arrives à cette première écho.
Tu verras une petite poche avec un petit truc qui ressemble à une petite tortue
si les conditions d’observation sont favorables et surtout la sage-femme (ou le
gygy hein, je n’ai rien contre eux non plus) va te faire écouter un son
complètement bouleversant : les battements de cœur de bébé. Alors, chez
nous, c’est le moment où l’on pleure. Bah oui….
C’est un des sons les plus bouleversants
que j’ai pu entendre.
Après les vérifications essentielles de la
sage-femme et pour toi : « il y en a bien un ? » suivi de
« il n’y en a bien qu’un ? », tu ressors avec le cœur gonflé qui
pétille…
Pour la petite Brioche, grâce à
l’haptonomie, j’avais senti le petit ballon, cette toute petite présence à 6
semaines de grossesse.
Tu fais d’autres échos, tu sens ce petit
bout bouger, le bidou s’arrondit, les liens se tissent, le cœur gonfle encore, un
sentiment que tu n’as jamais connu s’intensifie.
Tu prépares son arrivée dans ton nid et tu
te prépares à son arrivée.
C’est long 9 mois. C’est beau. C’est dur.
C’est flippant. C’est merveilleux. C’est surtout nécessaire.
Nécessaire pour que bébé pousse, pour que
les liens se tissent. Tellement de choses qui se mettent en place. Tu tiens à
ton ptit œuf comme à la prunelle de tes yeux.
Ça bouge dans ton bidon autant que dans ta
tête…
Et
si ça le fait pas nous deux ?
Alors ça c’était ma grande question :
si jamais elle ne m’aime pas en fait ? ou moi si je l’aime pas ? si
je n’ai pas ce fameux instinct maternel ? si ça matche pas nous deux
quoi ???
Quand tu parles de ton inquiétude à ce
sujet, on te répond telle une évidence : « Bah bien sûr que tu vas
l’aimer ! Rhoooo mais quelle question ! Arrête de te prendre la tête
pour rien » …
Mais sa mère la flute, comment on peut le
savoir ??? Comment on peut affirmer ça, alors qu’on ne se
« connait » même pas !!!
Autant te dire que j’en menais pas large.
Pourquoi tout le monde était si sûr de ça, sauf moi…
Et pour la petite Brioche, rebelote :
« J’aime tellement la première… Comment j’arriverai à aimer ce deuxième
bébé ??? ».
La grossesse se poursuit et ce n’est pas
encore fini que tu es déjà nostalgique de son gros bidon et surtout d’avoir ce
bébé rien qu’à toi… (moins nostalgique des remontées acides, des insomnies, des
bobos en général).
Pis quand même, tu aimerais bien voir sa
trombine à ce mini-toi.
Tic-tac…
Tic-tac…
Le jour de la rencontre approche.
Bon ok, il faut passer l’accouchement.
Cette « étape » ferait un bon sujet pour un prochain article ou même
plusieurs articles si c’est proportionnel à la durée de l’étape pour la grande
Brioche…
Bref, on te pose enfin le bébé sur ton
bidon.
Ce moment que tu as imaginé tellement de
fois.
Ouais, alors ça peut arriver que ce soit
bof et tellement à l’opposé de ce que tu imaginais…. La grande Brioche a eu une
arrivée difficile et du coup elle n’est pas restée sur mon bidon, elle est
partie immédiatement dans la pièce d’à côté, puis dans un autre service, puis
dans un autre hôpital. Cet autre hôpital n’ayant pas de place pour moi. On a
été réunies que deux jours plus tard.
Peut-être à cause de tout ça que ce moment
est si compliqué pour moi…
Ou alors toutes les mamans ont cette
évidence immédiate à peine bébé posé et c’est moi qui suis bizarre ???
Cette rencontre est forte, riche et
bouleversante… Mais je crois bien que je l’aime ce bébé ! Mais je l’aime un
peu ? Beaucoup ? De ce fameux amour maternel inconditionnel ?
Mouais, je sais pas…
C’est
comment quand on s’aime ?
Tu rentres chez toi et tu découvres cette
nouvelle vie à 3, 4 ou plus.
C’est un tourbillon : tétées /
biberons, couches, bains, câlins, rots, pleurs, tâches de la vie quotidienne,
hygiène de la maman (une douche peut parfois relever de la prouesse sur certaines
journées), repas, visites…
On m’avait dit d’essayer de profiter de ces
moments précieux. Rho la la, pourvu que je ne passe pas à côté de l’essentiel !
Alors tu essaies de prendre tout ce que tu
peux : un regard, une odeur, un câlin en ptit paquet sur ton épaule, un
sourire, une caresse, un jeu, un dodo…
A tout ça, tu rajoutes parfois le paramètre
reprise du travail. Oye wa… Une tout autre organisation se met en place. C’est
chaud patate. Tout va vite, très vite. C’est un rythme effréné et intense,
parfois tu penses que tu vas couler.
Au milieu de tout ça, on te dit :
« DjoolHynett, c’est quand ton prochain article ? ».
Bah, mon prochain article est quand j’aurai
du temps.
Du temps j’en ai tout de même hein : je
danse à nouveau (ma bulle d’oxygène hebdomadaire), j’ai nagé un peu aussi, je
me suis faite des petites sessions yoga, j’ai fait quelques parties de jeux de
plateaux avec mes potes, j’ai fait mes montages photos, j’ai lu un livre même.
Je n’en avais pas lu un depuis un an. C’est
là que j’ai eu de nouveau l’envie d’écrire, j’avais à nouveau du temps, mais seulement
du temps libre, mais du temps pour me permettre l’investissement émotionnel que
demande la rédaction d’un article.
A chaque article, je sors un peu mes
tripes, je mets des mots sur des choses qui m’ont tellement touchées, que les
larmes ne sont jamais bien loin.
C’est le genre de pratique que tu ne peux
donc pas te permettre quand tu ne dors pas plus de 4 heures par nuit sans
totalement perdre pied.
Allez je vais même te citer quelques
phrases du livre de mon année.
"Lorsque tu deviendras
mère, tu comprendras que le monde se divise en deux : ceux qui ont des enfants
et les autres. Etre parent te rend plus heureux, mais ça te rend aussi
infiniment vulnérable."
La fille de Brooklyn, Guillaume Musso
A point nommé cette
phrase…
Si jusque-là, je fonctionnais telle une
machine pour ne pas prendre conscience de cette vulnérabilité, cette fois je
pouvais à nouveau me l’autoriser cette vulnérabilité.
Ce
petit rien qui fait tout
Je dors enfin plus. Je mange enfin mieux.
Je vis plus doucement.
Et un jour, mine de rien, sans prévenir, tu
cuisines pendant que les Brioches jouent ensemble. C’est simple, c’est calme,
c’est doux.
Cette scène anodine va accueillir un son
habituel, mais si singulier ce jour-là : un rire. La petite Brioche qui
rit aux éclats des peekaboo de sa sœur…
Ce rire m’a tout autant retournée que la
première écoute de ses battements de cœur.
Ton cœur se gonfle d’un bonheur intense. Tu
passes un nouveau cap émotionnel.
Et si tu crois un jour que tu l’aimes, là il
n’y a plus de doute. C’est tellement plus léger tout à coup, après cet ouragan
des derniers mois. Tu l’aimes, tu les aimes, tellement fort… La puissance du
truc !
J’espère ne jamais oublier ce rire, ces
rires et en savourer tellement d’autres encore.
Mes Brioches…
A
toi
A toi qui me parlais de ton moment de
vulnérabilité de l’automne, alors que tu déploies une énergie remarquable pour
offrir une vie douce à tes anges.
A toi qui me confiais, lors de nos échanges
nocturnes, que c’est déstabilisant de se sentir en manque d’énergie quand en
plus bébé a une journée difficile, alors que tu te découvres tout juste dans la
maternité.
A toi ma petite primipare qui cajoles ton
bidon tout rond et qui se prépare tout doucement, plus sereinement.
A toi qui entoures ta femme, aimant,
attentionné et prévenant.
A toi qui as été élevée au rang de maman en
un mois, sans avoir eu le confort de la grossesse pour te préparer et qui a créé
une relation incroyable avec ta petite grâce à ta douceur et à ta persévérance.
A toi, toi et toi qui vous excusez de ne
pas faire assez ceci… ou toujours trop ça… et de qui culpabilisez pour encore un
autre truc, alors que vous donnez vos tripes et votre cœur à vos petits, n’oubliez
pas que c’est eux qui vous ont choisi comme parents, car ils vous savaient formidables.
A toi : si je croyais un jour de
décembre 2003 que je t’aimais, nul doute que je t’aime tellement plus
intensément aujourd’hui…
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