"Les 100 premiers jours du reste de ta vie"

Au cours des 9 mois de grossesse, tu as le temps d'imaginer...

Imaginer ton bébé : une fille ? un garçon ? à qui il ressemblera ? oye wa si il a les sourcils de son père ? la poisse si il a le cheveu moussu de sa mère ?

En toute objectivité, elles sont trop trop belles !!! Pas de mono-sourcil supposé, le cheveu docile pour la grande (la petite est plutôt en mode je perds tout sur les côtés, j'ai une crête sur le dessus et une toupette dans la nuque).

Imaginer l'accouchement : alors je perds les eaux, je réveille l'Homme (oui pour moi, on accouche forcément la nuit, ce n'est pas rationnel, mais c'est comme ça), on part avec la valise, je respire fort dans la voiture en me tenant le ventre pour gérer les contractions, j'arrive à l'hôpital et on m'installe, je retiens mes cris malgré une douleur qui en fait devrait quand-même être supportable, je pousse quand la sage-femme dit "Poussez!" avec l'Homme qui me tient les épaules et souffle avec moi, "ça y est, la tête est sortie, encore un effort!", dernier effort et la sage-femme pose le bébé sur mon ventre... et ça y est... le plus dur est fait !!!

Ouais, ouais, ouais... alors pour être tout à fait honnête côté accouchement, ça ne s'est pas exactement passé comme ça (on est tonique du col ou on ne l'est pas...).

(Si tu es une fraiche primipare ou que tu as une légère angoisse de l'accouchement, ne lis surtout pas le potentiel article que je pourrais écrire sur mon premier accouchement. Chaque accouchement est différent. Tu auras assez de charmantes personnes qui te raconteront des trucs dégueulasses et/ou qui font flipper sur les accouchements. Donc non, tu ne le liras pas !)

Imaginer comment ça va se passer : je vais l'allaiter (ben oui j'ai vu un poster chez la sage-femme : "Allaiter, c'est si simple", article à venir sur le sujet), il dormira dans sa chambre dès le retour de la mat' (parce qu'il faut tout de suite donner des bonnes habitudes, sinon après c'est l'anarchie), je veux faire une séance photo la première semaine (un ptit coup de mascara et ça ira!), je tiens à maintenir un intérieur rangé et propre même si la sage-femme a dit que le ménage on s'en fout ou mieux qu'on le laisse aux autres !

Alors, alors, alors, j'ai beaucoup (très beaucoup) mieux vécu les 3 premiers mois de la petite que de la grande. Le bénéfice de l'expérience hé hé ! Pour la première, je crois que ça m'a poussé dans mes retranchements comme jamais. Punaise que c'était dur ! C'était merveilleux, mais c'était fichtrement dur. Entre la fatigue, les doutes, les peurs, la culpabilité, c'était une sacrée épreuve.

Ma sage-femme Christine m'a dit récemment : "L'accouchement est le plus gros bouleversement qu'une femme peut vivre"

Le plus gros bouleversement de ma vie : check !

Et comme j'ai la chance d'avoir vécu ce bouleversement en 2014, je pense pouvoir dire, sans avoir honte et sans culpabilité, que ce n'était pas que beau, pas que merveilleux et que je n'étais pas que heureuse.

Home sweet home

Pour la grande brioche, sachant que j'avais laissé mon chez moi 10 jours auparavant, je me sentais un peu en jet lag, la boule à neige souvenir en moins...

J'étais complètement lourdée, vidée, séchée, mais en même temps euphorique et béate. Voilà toute la complexité de la situation. L'ambivalence constante des sentiments. Un équilibre état fragile.

Bon en même temps, tu as passé les 9 derniers mois à porter un enfant (avec ses joies et ses petits désagréments), tu viens d'accoucher (si parfois certaines l'envisagent comme une promenade de santé, ce n'est pas une généralité), tu es en suite de couches (alors là pareil, pas de généralité, tu peux rapidement et aisément te déplacer comme si de rien n'était ou alors avoir l'impression qu'un 38 tonnes s'est arrêté dans ton bassin), tu viens de basculer Maman...

Dis comme ça, ça paraît plutôt légitime de te retrouver dans une bulle de douceur pour atterrir tranquillou bilou...

C'est là que tu aurais aimé que Les 10 règles d'or pour un postpartum idéal, article que je n'ai découvert que (trop?) tard rédigé par une sage-femme canadienne au sujet des relevailles (voilà un mot que j'ai découvert que j'adore !), te soit transmis dès ta déclaration de grossesse effectuée.

Il est où le mode d'emploi ?

Faut pas se mentir, ta vie est transformée. Jusque là, le petit être humain que tu portais était nourri, s'endormait, dormait, faisait ses besoins (hé oui dans le bidou) sans aucune intervention de ta part. Au final, tu te gérais toi, pas lui. Et là...

Ben là tous les trucs qui se faisaient tout seul ne se font plus du tout tout seul.

Il va falloir que cet enfant mange, dorme (et quand il dormira, tu te réveilleras pour voir si il respire) et maintienne une hygiène acceptable. Le tout nécessairement avec ton intervention (le "ton" inclut Papa et Maman hein). Et si, effectivement il y a une part de théorie là-dedans, la réalité est parfois tout autre.

Il va falloir écrire le mode d'emploi, pas le sien, le vôtre ! Et ce mode d'emploi, il est propre à la venue de chaque enfant. Il n'est pas transposable à l'enfant de ta pote, ni même de ta sœur. Il ne sera pas réutilisable pour ton second, troisième ou dixième enfant. Il sera plein d'astérisques et de cas particuliers. Il comportera sûrement des ratures, mais aussi des étoiles de victoire et des cœurs de bonheur !

Comme Paris ne s'est pas fait en un jour, ce mode d'emploi ne sera pas rédigé en 1 jour non plus, ni même 1 semaine, ni peut-être 1 mois, et parfois 1 an...

Dans ce foutu mode d'emploi, il y aura certaines pages que tu auras froissées de rage, d'autres qui porteront tes larmes de peur, de culpabilité ou de fatigue, d'autres te gonfleront le cœur d'amour et de fierté.

Aussi fouilli soit-il ce mode d'emploi, il a le mérite d'exister. Vous allez découvrir vos habitudes, votre fonctionnement, vos astuces, vos trucs qui marchent et ceux qui ont complètement foiré. Il porte tout ce que tu as mis dans la relation avec ton enfant. Et ça, je pense qu'on peut en être fièr(e) !

Parfois (ou souvent), on essaiera de te piquer la plume...

Alors oui, tu vas avoir les avis de beaucoup de personnes, proches ou juste croisées dans le rayon des salades de ton primeur et souvent (presque à chaque fois, tu ne leur auras pas du tout demandé leur avis, mais alors pas du tout).

Recueil (non exhaustif) de propos reçus par moi-même ou dit à mes copines :

" Tu le portes trop ! Tu vas en faire une capricieuse ! "

" Il faut allaiter son enfant ! Le lait maternel, c'est ce qu'il y a de meilleur ! "

" Ha bon, tu l'allaites ? Ouais ben ça en fait des chouinards collés à leur mère ! "

" Ne le laisse pas téter ton ptit doigt, ça déforme le palet, il aura un appareil ! "

" Tu es du genre turbulette toi ? Mes enfants avaient des couettes et c'était très bien! "

 " Laisse-le crier, il se fait la voix / il va bien finir par dormir / il pissera moins ! "

" Il faut que tu le couches dans son lit dans sa chambre, après c'est le bordel, il ne voudra plus jamais dormir dans sa chambre ! "

" Hé ben alors tu voulais la garder que pour toi cette petite, c'est pour ça que tu as mis autant de temps à la sortir!!! C'est bon maintenant, faut la laisser tranquille !!!! "

" De toutes façons, on donne beaucoup trop d'importance aux enfants de nos jours ! "

" Laisse, moi je sais faire... "

Ouais, ouais, ouais, on pourrait se faire une bonne compil'. Ça te rappelle quelque chose hein ??? On a tous eu à un moment un médecin, un parent, une pote, une sage-femme, un inconnu (ça c'est quand même dingue!) qui te balancera une subtile parole de ce genre.

Alors selon les jours et les modalités, ça ne fera que passer par une oreille et ressortir par l'autre, d'autres tu souriras par politesse alors que tu auras juste envie de lui demander de parler à ta main ou de chialer, des fois tu essaieras de te justifier (oublie ça marche pas !), des fois tu enverras juste bouler !

Mais là attention, on s'offusquera immédiatement dès que tu ne seras pas assez docile au gout de ton interlocuteur qui utilisera le fameux "c'est les hormones, on ne peut rien lui dire!" pour tenter de maîtriser ton arrogance. Non mais !

Ça va sans dire que c'est aussi agréable que de se faire épiler le maillot à la cire. Faut s'accrocher, parce qu'il y a des zones plus sensibles que d'autres. Mais avec le temps, les variations hormonales, la Lune ou la pression atmosphérique, ça s'apaise et c'est moins douloureux.

Des personnes bien attentionnées pour sûr (sauf la morue qui m'a dit que c'était de ma faute si j'avais mis 3 jours à accoucher!), mais pas toujours délicates...

Parfois (ou souvent), on te guidera à la tenir la plume...

Des fois, tu as des rayons de Soleil ! Des phrases qui te font autant de bien qu'un maxi best of piscine - bain bouillonnant en solo (alors ça c'est mon grand kiff !!!). Elles peuvent venir parfois des mêmes personnes que celles citées plus haut. Et quand tu en as une comme ça, tu la prends, tu te la répètes et tu essaies de chasser les pensées moches avec...

" C'est bien ce que tu fais ! "

" Vous êtes une belle famille ! "

" C'est chouette ce que vous faites avec votre fille, elle vous remerciera plus tard ! "

" Je viens manger avec toi, je passe prendre des sushis ! "

" Va prendre une douche et dormir, je m'en occupe..."

" Cette enfant sait qu'elle est aimée, ça se voit !"

" C'est pas du lait, c'est de l'amour que tu lui donnes... "

" Ça va aller, vous allez y arriver, il n'y a aucune raison pour que vous n'y arriviez pas ! "

" Votre enfant, c'est lui qui vous a choisi et il a fait un bon choix. "

" Elle va bien notre fille, elle grandit bien, ne t'inquiète pas. "

Il y en a qui me mettent les larmes aux yeux en les écrivant, tellement elles m'ont touchée. Ce genre de phrase, c'est en boucle qu'on devrait se les passer. Tu t'autoflagelles déjà tellement en ne voyant que ce que tu n'arrives pas à faire ou que tu pensais faire autrement. Alors, quand tu reçois du bon, prends-le, garde-le et transforme-le.

Ton bébé va prendre le temps dont il aura besoin pour trouver son rythme. Le défi est costaud, car il faut arriver à être patient et tolérant avec lui et tout autant avec toi-même.

J'ai respecté à la lettre LE CONSEIL de ma sage-femme La Chouette (oui j'ai beaucoup de sages-femmes, je les adooooore et c'est elle qui a souhaité que je l'appelle comme ça sur le blog; c'est aussi elle qui m'a motivée à me lancer dans ce blog !). Je la remercie du fond du cœur pour ce conseil !

" Portez votre enfant 100 jours, 100 jours sans modération, c'est le temps dont il a besoin pour être rassuré et se sentir en confiance ! "

Alors, certains étaient inquiets de me voir autant porter ma fille. Pensant qu'elle ne pourra jamais se détacher de moi... Je vous rassure, elle va bien et n'a aucun problème de séparation.

Dans l'article sur le postnatal idéal que j'ai mentionné plus haut, Karine dit :

"Rappelez-vous la longueur du cordon ombilical, plus ou moins la longueur de votre bras.

Dans sa grande sagesse, le cordon vient tracer la circonférence de la bulle qui relie le nouveau-né à ses parents. C'est dans cette même bulle que se joue les débuts de la famille.

Avec le temps, la bulle va s'agrandir. Si bien qu'un jour votre enfant partira à l'école sans même vous donner un bisou ! Ce jour-là vous saurez que vous avez réussi à le rendre confiant. Mais d'ici là, il faut partir du début et respecter les étapes."

Alors je me demande bien si je l'aurai mon bisou le 4 septembre prochain...

Quand l'air commence à manquer...

Tu vas sentir ton bébé et tu te frottes contre sa tête de velours. Tu le câlines en le mettant en tout ptit paquet sur toi. Tu te couches contre lui. Tu plonges ses yeux dans les siens. Profite de lui, c'est si bon et si intense !

La grande Brioche en petit paquet sur moi...

Tu contactes des professionnels : ton médecin traitant, ta super sage-femme, des conseillères en allaitement, une psy, des associations aidant à la parentalité... Renseigne-toi sur les dispositifs près de chez toi. Tu auras des conseils professionnels de personnes formées et informées.

Tu appelles des personnes qui te font te sentir bien (et t'apporteront de la bouffe !!!) et tu te remémores les phrases positives et les moments joyeux.

Tu appelles ton coiffeur chéri pour qu'il te ravale la toiture !!! Bouffée d'oxygène garantie !!!! Pour moi, quand il me coupe les cheveux, il me débarrasse en partie de tout ce qui est toxique pour le moral (produits anesthésiant, fatigue, angoisse..). Mon coiffeur a un côté chaman.

Ces 100 jours sont aussi durs que merveilleux il semblerait... Courage et patience.

Et si ...

Si je fais les choses différemment avec mon enfant, ça ne veut pas dire que toi tu fais mal. Chaque relation parent-enfant est unique et teintée par l'époque, la culture et les envies de chacun.

Si je fais les choses différemment avec mon enfant, ça ne veut pas dire que je fais mal. J'apprends à être parent, je n'en perds pas mon bon sens pour autant.

Guide moi, mais ne me juge pas, ne me dénigre pas et ne ris pas de moi.

Serre-moi la main, quand tu vois que ça serre dedans.

Ma fragilité te met mal à l'aise, ne dis rien ou serre-moi la main plus fort.

Dans ces instants de vie si intense, l'humour n'est pas toujours la meilleure arme. C'est comme l'huile de sésame, il faut bien savoir le doser pour ne pas que ça emporte tout !

A toi...

A toi qui a vécu ce moment bien plus difficilement que moi, qui a parfois sombré et qui a lutté pour se relever.

A toi qui a dû faire bonne figure, parce que tu devais paraître heureuse et pas autrement, alors que ça brulait à l'intérieur.

A toi qui a besoin de douceur et de soutien dans cette période de grand bouleversement.

A toi qui accompagne ces moments avec amour et bienveillance.

A toi qui aurait peut-être aimé dire tout ça, mais que l'époque, les tabous ou la fragilité ne permettaient pas...

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